Gibraltar - Tenerife
Après le plein de légumes et la livraison du supermarché hier; après avoir payé les 3 nuits au port d’Alcaidesa, (76 euros les 3 nuits) nous partons au mouillage à côté et nous envisageons le départ. Nous observons encore, et sommes sous le charme des petits voiliers qui dessalent ou perdent leur équipier…
Départ vers 14h20 au génois puis toutes voiles dehors, puis au moteur : le courant est contre et le vent s’absente
Nous optons pour une étape derrière le port de Tarifa, près de la plage. Il y déjà un catamaran qui affiche « protection des orques », histoire de nous rappeler que nous sommes dans une zone où des attaques ont eu lieues encore très récemment… Ca n’est surement pas pour nous rassurer.
Départ à 8h ce vendredi 14 juillet, sans fanfare! Au vent arrière et toujours contre le courant. C’est très brumeux et l’on entendra les nombreuses trompettes des tankers et autres klaxons qui s’interpellent dans le rail. Nous supposons que tous ont un AIS et nous évitent, comme nous tentons de le faire.
Cap 235 on avance bien, le soleil perce parfois. Cap Espartel, Tony pense un instant à passer par Madère, mais le vent tourne, tombe. Cap au 271, on vire vers 16h3 ; je crois qu’on oublie Madère.
Après le coucher du soleil, la mer se creuse terriblement, le vent augmente, on prend des ris ; les vagues latérales sont énormes. Je prends le 1er quart, mais on se relaie plus souvent. Ca se couvre et Tony craint un gros coup de vent, mais non. Nuit noire : pas de lune.
130 miles parcourus à 9h ; journée au travers+ou- GV et Génois réduits. Les dauphins nous saluent et jouent un moment devant l’étrave. Tout va bien.
Salade grecque.
Nous prenons tous les 2 un mercalm… Je crois que je n’en ai pas pris depuis plus de 20 ans, ma réputation va en pâtir ! Tony ne boit plus de bière depuis le départ… Bon, Tony dit que la météo sera bonne demain et mieux après, mais il reprendra du mercalm une fois encore.
Pâtes au fromage
Tony part se coucher à 20h mais revient à 22, car ça ne va pas, ça secoue trop. Il me réveille à minuit et demi et reprend de 3h30 à 5h, et je continue. Nous avons bien mal à la tête au matin.
On est quasi Vent arrière cap 221, avec le génois seul. Il y a des montagnes de mer. Cette nuit, Tony a
une 1ère hallucination au sujet du moteur de l’annexe qui se déplace, alors qu’il est bien fixé au balcon arrière. ???
Dimanche 16 août, 4ème jour : le soleil se lève comme il s’est couché : dans les nuages et le ciel bleu. 292 miles parcourus. Une jolie petite tortue, avec de belles écailles travaillées, ocre et orange, passe.
2ème « hallucination pour Tony, il crie : « le robinet de la douche externe coule comme s’il était grand ouvert » ; en fait c’est le retour des vagues qui passent de l’avant. La mer est toujours impressionnante, on dirait qu’elle vient des 2 côtés ! Je suis perplexe.
Tony essaie de barrer car le pilote souffre ;le soir sous pilote, le bateau fait une embardé et est repris violemment par une autre houle latérale, la barre claque, Tony reprend la barre et la trouve " dure". On va perdre le safran me dit-il ! Il va voir en bas au niveau du secteur de barre , met du W40, puis dit que ça n’est pas une bonne idée : ça va accélérer la perte du safran…
»…. En même temps, «3 ème hallucination » (j’espère ! ): l’étai se déforme…. Peut-être ? Me dis-je ? Mais rien ne bouge…Serait-il stressé ? Déshydraté ?
Je commence à m’inquiéter
On réduit la voile nous sommes sous génois seul, à 140° du vent, on se met à une allure plus facile, on fait une heure de moteur. Tony prend le quart, mais, après toutes ces infos, je ne peux pas me reposer, et encore moins m’endormir, je prends le quart….390 miles à minuit…Tony me remplace à 3h, il a dormi dans la cabine arrière, en fait..
Lundi 17 juillet, 7h20 Tony dort, le vent a baissé, je largue le ris du génois ; le soleil se pointe difficilement vers 9h20, puis le vent augmente un peu.
Il faudrait remonter davantage au vent ; on arrive à 245 degrés, toujours au largue. L’horizon est bosselé partout. Tony veut prendre un bain pour aller filmer le safran sous l’eau… Je pense que c’est de la folie, il va s’assommer, mais je le sens très déterminé.
C’est dangereux, ça gigote encore bien. J’ajoute un bout avec un pare-battage à l’arrière. Il ne verra rien…
On continue donc, Tony veut alléger la charge du safran et du pilote. En plus on n’a pas assez de soleil franc : il faut faire du moteur pour charger les batteries. On réduit, on barre. On fait un moins bon cap pour alléger…
Tony va mieux : il reboit de la bière !
Riz tomates saucisses de Frankfurt
Tony se couche tôt, vers 19h30, je prends le quart jusqu’à minuit, etc …Nuit noire toujours
On a de la chance d’avoir le vent dans le dos.
Tony va se coucher vers 20h30. Les feux de route ne s’allument pas, Tony que je réveille met les feux de mât. Je me fais engueuler comme du poisson pourri : j’ai fait une bêtise avec l’écran qui était sur track…Je suis de mauvaise humeur. Quand c’est sur track : aller sur Menu- cartograhie- paramètres de route- écran classique ouille (j’avais tout oublié)! On ôte la GV finalement….
Mercredi 19 juillet : lever 7h30 pour moi, j’attends le soleil entre 8hET 8h30, il y a toujours des nuages. Ca claque au Vent Arrière et ça ballotte. Je mets le moteur vers 9h et réveille Tony du coup. Je lui prépare le petit déjeuner….
A 11h30, on a monté le spi, on a 14 nœuds en vent réel (10 en apparent), cap 240.
Il y a un gros tas de graisse ou de limaille au pied du mât… ????
On avance vite 6/7 nœuds. Tony se tâte pour enlever le spi avant l’île qu’on aperçoit bien dès 15h30 ; on dirait un Rhinocéros dans l’eau avec sa corne de museau qui sort.
On ôte le spi 2 miles avant la pointe et on fait bien. Le vent augmente fort : on dirait un catabatique ou alors c’est le couloir. L’île est très verte de ce côté.
Quel soulagement ! Il est 19h, en fait 18 h ici au bord de l’île. On a toujours le safran, le pilote aussi ; on n’a pas croisé d’orque malveillant. On a bien vu de gros ailerons, des globicéphales sans doute.
Il est donc 18h45 quand on entre dans le port de Santa Cruz de Ténérife, la VHF9 me répond de suite et j’aperçois le marinero qui me guide vers « pantalan 4 » ; on est bien orienté par rapport au vent. Il faut aller chercher une carte pour l’accès aux services, contre une petite caution.
Longer l’île pour arriver est très agréable : jolis villages dans les creux, mais, en arrivant, les usines, les équipements, la très grosse ville sont impressionnants.
Tony propose un resto : « La rebotica ». Je prends un rhum avant ! J’en ai eu du stress !
Il y a 8 ans, nous quittions Newport !! Le 19 juillet 2015/ 2023